“Roland Barthes reloaded”

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Dans le préambule de ses fameuses Mythologies, parues en 1957, Roland Barthes précisait qu’il s’agissait de textes rédigés chaque mois pendant deux ans, de 1954 à 1956, au gré de l’actualité. C’est en feuilletant Paris Match, Elle ou L’Express que l’auteur du Degré zéro de l’écriture s’était mis à « réfléchir régulièrement sur quelques mythes de la vie quotidienne française ». À l’arrivée, on découvrait une savoureuse esquisse de « sémiologie générale de notre monde bourgeois » résumant, en 53 chapitres, les phobies et les lubies des années 50.

L’Antiquité avait eu son OEdipe, le Grand Siècle son Roi Soleil, et voilà que l’auteur des Mythologies offrait à la France de l’après guerre ses nouvelles icônes : Audrey Hepburn et le Charlot des Temps modernes, la frange de Marlon Brando et la barbe de l’abbé Pierre, la Citroën DS et la pub Omo, le catch et la Grande Boucle.

Un demi-siècle plus tard, à l’ère de Facebook et des cool kids, les mythologies vont bon train. Transposées dans le Grand-Duché de l’an 2015, elles prennent la forme d’un selfie ou d’un bubble tea, d’un sac Mulberry ou d’un best of Eminem. À la bourse aux « représentations collectives » – excellent baromètre du « nouveau » monde bourgeois –, Luxembourg mise encore et toujours sur le visible, l’ostensible, l’anecdotique, le pittoresque, l’extravagant. Pas dupes pour autant, les élèves du LHCE rappellent que leurs icônes à eux sont plus nuancées, plus contradictoires qu’on ne voudrait le faire croire : Beyoncé et Stromae, d’accord, mais aussi les militantes de Femen ou bien Malala Yousafzaï, prix Nobel de la Paix 2014. Les boissons énergisantes et l’incontournable spring break à Lloret del Mar, bien sûr, mais aussi la peur d’Ebola et l’angoisse de ne pas faire, à l’heure du bac, le bon choix de carrière. Pour résumer tout cela, un seul un seul mot d’ordre, interprétable à souhait : YOLO, You Only Live Once !

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